Ode à Maïwena

Elle crée les liens, les fils sacrés, elle file selon le Destin la matière du Temps,
Elle entrecroise les fils pour en faire le tissu des relations, des reliances entre les gens, les évènements,
Elle voit la toile depuis le haut du centre, elle porte la voix du Destin vers les ondulations de la trame,
Elle est la chaîne qui chante, le fil qui danse, la vibration de l’enchantement de la matière,
Elle danse sur la terre, pour tisser le vent, la flamme, les gestes sacrés,
Elle fait jaillir de son chaudron les notes justes comme la foudre, c’est une chanteuse des fils du son,
Elle brasse l’eau, les larmes, pour dessiner des armes dans le ciel et façonner la brume,
Elle déroule l’armure de son esprit pour protéger les vies,
Elle reforge les armes brisées, renouant les liens de la matière,
Elle revivifie le fil ténu des amitiés oubliées et forge les liens sacrés des unions nouvelles,
Elle enroule ses bras autour de l’âme pour tisser les pensées créatrices,
Elle inspire les artisans qui créent des objets de reliance,
Elle est souffle de beauté, d’harmonie, tisseuse de sens,
Elle est la juste couleur, l’émotion parfaite, la mélodie des origines,
Sa chevelure de soleil et de lune mêlés aspire à la fluide harmonie des unions réalisées,
La rondeur de son Être de pure matière en fusion est perfection de l’art,
Elle est l’Œuf parfait de toute création, le germe des inspirés,
Elle est l’aimante qui attire les pièces à assembler, les fragments des œuvres,
Elle est attraction universelle, loi d’amour qui enrobe tout ce qui est,
Sa créativité est magie qui soude, qui mêle les différentes couleurs dans le fil unique de la beauté d’une œuvre sacrée, dans la souplesse d’un tissu, dans la douceur d’une étoffe de matière, de vibration comme de couleurs
Son chant est l’arc-en-ciel dans l’âme, sa danse l’éclat du soleil dans la rosée du matin,
Elle est fraîche et ancienne, douce et intraitable,
Elle est la terrible détentrice des fils qui ne peuvent être brisés,
Ce qu’elle relie ne fait plus qu’un, ce qu’elle tisse a la force du Destin,
Sa dextérité n’a pas d’égale, ses mains agiles sont l’instrument des Innommés,
Ceux qui la servent, qui expriment son art dans la matière du Créé sont les Relieurs sacrés, les Ovates des Liens, aux côtés des Ovates des Portes,
Elle prend le cœur du Relieur dans ses mains, lui insuffle la terreur sacrée et ne le relâche que quand le lien a pu s’exprimer dans la matière,
Elle murmure à ses oreilles les mots qui entravent et qui bousculent, qui figent et nouent sans scrupules
Son souffle est ruban de vérité, force d’union sans retour…

Maïwena, noble Déesse, Maîtresse des Liens !
Maïwena, toi la Fileuse, la Tisseuse, la Lieuse !
Maïwena, toi qui souffles en mon âme, qui guides mes mains !

Je t’honore, te rends hommage,
Je crie ton nom comme tu le réclames,
Déesse exigeante autant qu’aimante…
Que mes mots mortels sont limités,
Pour exprimer de ton esprit la beauté…

Maïwena, noble Dame des Relieurs,
Maïwena, perfection et terreur,
Maïwena, harmonie et douceur…

Louange et gloire !
Or et argent pour ton éclat !
Brume du néant sous tes pas !
Chaînes subtiles ceignent tes reins,
Ta chevelure telle les fils du Destin…

Par Yavanna